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Ce vendredi 21 janvier 2022, l’Académie de recherche et d’enseignement supérieur (ARES) organisait la remise de la troisième édition du prix Philippe Maystadt qui récompense les meilleurs travaux de fin d'études menés sur la thématique de l'enseignement dans une perspective innovante. L’objectif de ce prix, décliné en trois catégories, est de valoriser et de stimuler les recherches portant sur l’enseignement.

En présence de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie Glatigny, et de l’administrateur de l’ARES, Laurent Despy, la présidente du jury, Françoise Tulkens (ancienne juge et vice-présidente de la Cour européenne des droits de l’homme) a remis les prix aux lauréates dans trois catégories : le prix « Bac » d'un montant de 2 000 euros, le prix « Master » d'un montant de 2 000 euros, et le prix « Doc » d'un montant de 4 000 euros. 

Pour cette troisième édition, le jury a reçu un total de 34 candidatures. Par ailleurs, en raison de la qualité des travaux reçus, trois candidat·es se sont également vus obtenir une mention spéciale, ce qui constitue une première depuis la création du Prix Philippe Maystadt.

 

Retour sur trois années de présidence 

Pour Françoise Tulkens, cette édition est également particulière car il s’agit de sa dernière participation en tant que présidente du jury. Présente dès le lancement du prix en 2019, elle a su apporter professionnalisme, précision, mais aussi beaucoup de convivialité au sein du jury.

Les motivations qui l’ont poussé à endosser ce rôle de présidente sont diverses. Elle souligne l'hommage rendu à Philippe Maystadt, homme d’Etat intègre, l'initiative innovante de l’ARES, mais également la philosophie du prix : « il apporte une réflexion à la fois critique et prospective sur le sens de l’enseignement émanant des enseignés eux-mêmes. C’est un prix intéressant et novateur ». Les expériences qu’elle a partagé avec les membres du jury au cours de ces trois années n’ont fait qu’appuyer la pertinence du prix.

De cette expérience, Françoise Tulkens retient particulièrement la richesse des travaux présentés par les étudiant·es. Des recherches intéressantes, mais qui finissent trop souvent dans un tiroir comme elle le fait remarquer : « sur le thème qui est le nôtre, à savoir les réflexions sur l’enseignement au sens large et dans toutes ses dimensions, cela produit des travaux de très grande qualité et qui sans le prix, resteraient tout à fait ignorés ».

Françoise Tulkens mentionne aussi le caractère original des questions soulevées par ces travaux et que seul·es les chercheurs·euses et les enseignant·es, qui sont au cœur de cette matière, peuvent relever. « Ce sont des expériences positives qui m’ont touché, mais qui m’ont aussi amené à penser qu’il faut partir des enseignés et de leur réalité ».

Elle ajoute que, maintenant que le prix est sur les rails, c’est au tour des plus jeunes de prendre la relève !
 

Focus sur les travaux récompensés

Cette année, le prix « Bac » a été remis à Sophie Marcuzzi et Lola Greitmann, de la Haute École de la Ville de Liège Jonfosse. Leur travail de fin d’études (TFE) s’intitule « L'apport d'un site Internet de référencement de ressources serait-il un outil pertinent pour améliorer la pratique professionnelle des (futurs) enseignants de Philosophie et citoyenneté ? ».

À la base du présent travail, il y a la volonté de Sophie Marcuzzi et Lola Greitmann, diplômées à la Haute École de Liège, de participer au développement du cours de Philosophie et de citoyenneté. Elles s’interrogent sur les obstacles rencontrés à sa mise en pratique, et font alors le constat de la difficulté du corps enseignant à trouver des ressources pédagogiques et articles didactiques pertinents concentrés. Pour y remédier, un site Internet, nommé « Pro-philo », voit le jour. En plus de la mise à disposition de ressources et littératures pertinentes (livres, bandes dessinées, jeux, etc.), le site intègre des outils collaboratifs (forum, commentaires, etc.). Les premiers retours sont positifs : le gain de temps procuré par cette plateforme ainsi que la pertinence des ressources proposées sont particulièrement appréciés par le corps professoral.

Le jury a tenu à souligner le caractère très ambitieux de ce TFE. En abordant la formation des enseignant·es pour le cours de citoyenneté et de philosophie, les co-autrices apportent une contribution novatrice non négligeable à un sujet d’actualité et d’avenir. Sa dimension d’inclusion sociale, très clairement intégrée dans la démarche, ainsi que sa méthodologie très rigoureuse ont été également appréciées.

EN SAVOIR + : télécharger le résumé de son travail.

Toujours concernant le prix « Bac », le jury a souhaité récompenser deux travaux à travers une mention spéciale. Roxane Desquene, de la Haute École Louvain en Hainaut, pour son TFE « « Fa Si La lire » Comment faciliter l’entrée dans l’écrit grâce aux neurosciences ? ». Il y est question du rôle que peut avoir la pratique régulière de la musique en maternelle sur la formation des neurones actifs pour la lecture. Alexis Geniesse, de la Haute école de Namur-Liège-Luxembourg, pour son TFE « L’homophobie au pied du mur. Comment, avec des élèves de l’enseignement secondaire, déconstruire les stéréotypes liés à l’homosexualité afin d’amener plus d’ouverture ? ». Un travail par lequel l’auteur imagine un dispositif pour déconstruire les stéréotypes de l’homophobie avec des classes de secondaire.

 

Le prix « Master » a été décerné à Alice Brogniaux, de l'Université libre de Bruxelles (ULB), pour son mémoire intitulé « Biais de genre dans l’évaluation de l’apprentissage : Questions à choix multiples notées avec des points négatifs ».

Alice Brogniaux, diplômée d’un master de la faculté Solvay Brussels Schools of Economics & Management de l’ULB, a porté son attention sur les différents types de biais engendrés par l’usage de points négatifs dans les questions à choix multiples (QCM). De l’analyse effectuée par l’auteure, il en ressort que les étudiantes répondent systématiquement à moins de questions que les étudiants. Sous certaines circonstances, l’utilisation de QCM à points négatifs peut mener à un biais de genre, celui-ci mettant à mal l’équité d’évaluation des étudiantes et des étudiants, un postulat de l’éducation pourtant fondamental. Dans ce contexte, l’auteure préconise un principe de prudence couplé à l’organisation de tests préparatoires similaires au format de l’examen.

Soulignant l’extrême clarté de la méthodologie employée dans ce mémoire, le jury lui reconnait un caractère résolument novateur. Cette recherche scientifique a par ailleurs le mérite de la pertinence et de la mesure. La thématique du genre dans l’enseignement étant tout à fait actuelle, les conclusions du travail pourront incontestablement nourrir les débats tant politiques qu’académiques.

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Dans la catégorie « Doctorat », Doriane Jaegers a été primée pour sa thèse intitulée « Les aspirations aux études et carrières à forte composante mathématique : quels leviers motivationnels et pédagogiques pour les filles et les garçons ? Étude menée auprès d'élèves de 5e et 6e années de l'enseignement secondaire de transition en Fédération Wallonie-Bruxelles ».

Dans le secteur des sciences, des technologies, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM), la sous-représentation des filles est une préoccupation, y compris en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB). C’est ce qui a poussé Doriane Jaegers, docteure en Sciences de l’éducation à l’Université de Liège, à identifier les éléments motivationnels et pédagogiques influençant le choix des jeunes à embrasser des études et carrières mathématiques. En ce qui concerne l’état de la question en FWB, l’auteure propose d’adopter une approche inclusive de la problématique. Dit autrement, en matière de politiques éducatives liées aux STIM, il s’agirait de favoriser l’usage de leviers d’actions s’inscrivant dans des contextes de classes mixtes.

Rigueur et qualité d’analyse constituent la ligne de conduite de cette thèse. Outre l’importance considérable que représente la thématique traitée pour l’enseignement supérieur, et les STIM plus spécifiquement, le jury apprécie qu’y soient intégrées des pistes d’action pour la FWB, à fortiori dans le momentum constitué par la mise en œuvre de la réforme du Pacte d’excellence.

Les membres du jury ont par ailleurs attribué une mention spéciale à Marie Dumont, de l’Université de Mons, pour sa thèse intitulée « Pour un enseignement efficient de l’orthographe en formation initiale des enseignants ». L’auteure y décrit comment elle a mis en place et testé un dispositif novateur d’enseignement de l’orthographe.

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Une présentation plus détaillée des travaux sera organisée prochainement, à l’occasion d’un Midi de l’ARES. Davantage d’informations suivront à ce sujet. Pour être tenu au courant, inscrivez-vous à la liste de diffusion des Midis de l’ARES.

 

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