Midis de l'ARES

Le 1er janvier 2016 entrait en vigueur l’« Agenda 2030 », un ambitieux plan d’actions onusien décliné en 17 objectifs de développement durable (ODD) universels à atteindre dans les quinze ans. Intitulé « Transformer notre monde : le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et avec le mot d’ordre « Leave no one behind », ce nouvel agenda international entend « engager le monde sur une voie durable, marquée par la résilience » en conciliant les trois dimensions du développement durable : économique, sociale et environnementale.

Les 17 objectifs de développement durable succèdent aux 8 objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) adoptés pour la période de 2000 à 2015 et dont la portée était moins large. Là où ceux-ci visaient l’éradication de l’extrême pauvreté et de ses causes dans les pays dits « en développement », l’Agenda 2030 est, quant à lui, plus large et universel. Il suppose que tous les États membres de l’ONU travaillent de concert à leur réalisation, sous la forme d’un partenariat mondial assortissant aux objectifs de prospérité pour tous et de protection de la planète un cadre de mobilisation des ressources financières.

Comme le relève notamment Benjamin Van Cutsem (2016), les OMD, au-delà du bilan mitigé auquel ils ont abouti, ont aussi été un succès communicationnel : « la simplicité de leur formulation et de leur approche, tout comme leur aspect quantifiable, a permis à ceux-ci de connaitre un succès politique et médiatique sans précédent ». En ce sens, ils ont ouvert la voie des chantiers politiques formalisés en objectifs, cibles et indicateurs, pour la plupart chiffrés, dans laquelle s’inscrit pleinement l’Agenda 2030.

Même si c’est principalement aux pays qu’il revient d'en suivre les progrès accomplis, l’Agenda 2030 est le fruit d’un vaste processus de concertation et appelle à la participation de tous : « gouvernements, parlements, système des Nations Unies et autres institutions internationales, autorités locales, peuples autochtones, société civile, entreprises et secteur privé » (Résolution 70/1 « Transforming our world: the 2030 Agenda for Sustainable Development »). L’inclusion d’acteurs non étatiques dans ce chantier est également une autre nouvelle donne par rapport à l’Agenda du Millénaire. La création, en Belgique, de la plateforme The Shift, qui réunit acteurs publics, entreprises privées, ONG, etc., en est une bonne illustration.

Parmi les 17 objectifs, deux sont communément associés à l’enseignement supérieur et à la recherche : l’ODD n° 4 « Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie » et l’ODD n° 9 « Bâtir une infrastructure résiliente, promouvoir une industrialisation durable qui profite à tous et encourager l’innovation ».

Or, l’Agenda 2030 pointe spécifiquement, à plusieurs reprises et pour d’autres objectifs, le rôle que la recherche scientifique, l’innovation, le renforcement des capacités, la diffusion du savoir ou encore la coopération académique ont à jouer. La contribution que les établissements d’enseignement supérieur peuvent (doivent ?) apporter au succès de l’agenda de développement durable fait d’ailleurs aujourd’hui largement consensus. Elle tient non seulement à leur communauté scientifique, mais aussi à la fonction de catalyseur de changement qu’a l’articulation de leurs trois missions : la formation, la recherche et les services à la société.

Depuis plusieurs années, y compris en Fédération Wallonie-Bruxelles, les établissements d’enseignement supérieur ont amorcé, à des degrés divers, un processus d’intégration du développement durable dans leur politique institutionnelle, notamment par la création de conseils de concertation internes.

Mais cette dimension y semblait encore récemment appréhendée de façon partielle, non comme pleinement intégrée à l’institution, mais davantage sous la forme ce que Tom Waas et Jean Hugé qualifiaient en 2014 d’« add-on » : un complément à des pratiques institutionnelles existantes, qui se manifeste, par exemple, par des initiatives – évidemment salutaires – telles que celles visant à réduire de l’empreinte carbone de l’organisation.

Or, pour les deux chercheurs, toutes les activités d’enseignement supérieur sont concernées par le développement durable ; une thèse que l’on pourrait résumer par l’aphorisme suivant : « l’enseignement supérieur ne doit pas se contenter d’intégrer le développement durable dans ses pratiques ; il doit lui-même s’intégrer au développement durable ».

Comment les établissements d’enseignement supérieur se positionnent-ils aujourd’hui en termes de politique et de stratégie institutionnelles, par rapport à l’Agenda 2030 ? En font-ils assez et comment peuvent-ils encore faire mieux pour s’affirmer davantage comme catalyseurs du développement durable ? Comment, dans la communauté académique, les intervenants appréhendent-ils leur rôle dans l’atteinte des objectifs de développement durable ? Leur démarche s’accommode-t-elle toujours aisément d’une matrice quantitative telle que celle de l’Agenda 2030 ? Quelles sont les attentes des organisations de la société civile vis-à-vis du monde de l’enseignement supérieur, et quel(s) partenariat(s) nouer ou renforcer entre les deux pour contribuer à atteindre les engagements globaux de l’« après 2015 » ?

Le rapport « Getting started with the SDGs in universities: A guide for universities, higher education institutions, and the academic sector » publié en 2017 par la branche régionale Australie/Pacifique du Sustainable Development Solutions Network servira de fil conducteur aux discussions de ce Midi de l’ARES.

Pour alimenter le débat, modéré par Olivier Poncelet, et pour tenter d’apporter des éléments de réponse aux questions posées, Hilligje van’t Land, secrétaire générale de l’Association internationale des universités (AIU), proposera son analyse de l’articulation idéale entre développement durable et enseignement supérieur. Enseignante à l’Université Saint-Louis – Bruxelles et à l’Université libre de Bruxelles, et représentante du monde scientifique au Conseil fédéral du développement durable (CFDD), Delphine Misonne, partagera ensuite sa vision des politiques institutionnelles à mettre en œuvre dans l’enseignement supérieur en faveur du développement durable. Enfin, l’éclairage de la société civile sera apporté par Arnaud Zacharie, secrétaire général du Centre national de coopération au développement (CNCD-11.11.11). Il évoquera notamment les attentes qu’ont les organisations de la société civile vis-à-vis des acteurs de l’enseignement supérieur en matière de développement durable et le regard qu’il porte en tant qu'académique sur ces attentes et sur les liens à promouvoir entre les deux secteurs. Leurs présentations seront suivies d’un partage d’expériences et d’une discussion animée par le Prof. Olivier Poncelet (IAD) et à laquelle se joindra Johan Swinnen, chargé de mission auprès de la Reine Mathilde pour les questions de développement, qui partagera son point de vue personnel au sujet du rôle de l'enseignement supérieur dans la mise en oeuvre de l'Agenda 2030.

 

Ressources :

 

Lectures d'intérêts


Intervenants :

  • Hilligje van’t Land, secrétaire générale de l'Association internationale des universités (AIU)
    Secrétaire générale de l’Association internationale des universités (AIU) depuis septembre 2017, Hilligje van’t Land est titulaire d’un doctorat en littératures francophones contemporaines comparées de l’Université de Groningen (Pays-Bas) et a accompli une période de recherche postdoctorale à l’Université Laval (Québec). Avant de rejoindre l’AIU en 2002 en tant que secrétaire générale adjointe, elle a enseigné la littérature francophone comparée aux universités de Groningen, de Laval et d’Avignon et des Pays de Vaucluse. Directrice académique et chargée de cours pendant cinq ans à l’Institut américain universitaire à Avignon, Hilligje van’t Land a également été très active dans le domaine des études canadiennes à l’échelle mondiale. À l’AIU, elle travaille, entre autres, très activement sur la question du rôle de l’enseignement supérieur dans la promotion du développement durable.
     
  • Delphine Misonne, chercheure qualifiée du Fonds de la recherche scientifique – FNRS (FRS-FNRS), Université Saint-Louis – Bruxelles (USL-B) et Université libre de Bruxelles (ULB)
    Docteure en sciences juridiques, Delphine Misonne est chercheure qualifiée du FRS-FNRS, chargée de cours à l’USL-B et maitre d’enseignement à l’ULB, où elle enseigne notamment le droit de l’environnement. Elle est directrice du Centre d’étude du droit de l’environnement (CEDRE) et présidente du Conseil au développement durable de l’USL-B et est membre, en tant que représentante du monde scientifique, du Conseil fédéral du développement durable (CFDD).
     
  • Arnaud Zacharie, secrétaire général du Centre national de coopération au développement (CNCD-11.11.11)
    Licencié en arts et sciences de la communication de l’Université de Liège (ULiège), Arnaud Zacharie est également titulaire d’un DEA en études européennes pluridisciplinaires et d’un DEA en relations internationales et politique européenne. Directeur de recherche (2003-2008) et secrétaire général du CNCD-11.11.11 depuis 2008, il est aussi docteur en sciences politiques et sociales (ULB-ULiège, 2013) après avoir défendu une thèse consacrée à l’impact des politiques internationales de financement du développement sur les marges de manœuvre politiques des pays en développement. Arnaud Zacharie est maitre de conférences à l’ULiège et à l’ULB, collaborateur scientifique au Centre d'étude de la coopération internationale et du développement (CECID, ULB), et professeur invité à la Haute École libre mosane (HELMO). Il est l’auteur de plusieurs ouvrages et articles consacrés aux relations internationales, à la mondialisation et au financement du développement.
  • Johan Swinnen, chargé de mission auprès de la Reine Mathilde pour les questions de développement
    Licencié en notariat et docteur en droit de la KU Leuven, Johan Swinnen est aujourd'hui chargé de mission auprès de la Reine Mathilde pour les questions de développement, dont les objectifs de développement durable. Sa carrière inernationale et diplomatique menée au service de la Belgique l'a amené à occuper de nombreux postes partout en Europe et dans le monde, dont celui de premier secrétaire de la mission permanente de la Belgique auprès de l'ONU à New York, de conseiller diplomatique et chef de cabinet adjoint du Premier ministre Jean-Luc Dehaene, d'ambassadeur à Kigali, à La Haye, à Kinshasa et à Madrid. Outre ses fonctions actuelles de conseiller de la Reine sur l'agenda du développement durable, il est actuellement, et entre autres, président du Cercle des relations internationales à Bruxelles, membre du sénat académique de la KU Leuven et Ambassadeur de WWF Belgique. Johan Swinnen rejoindra les intervenants au terme de leurs présentations et prendra la parole, fort de son expérience et de son expertise, comme discutant dans le cadre du débat pour partager son point de vue personnel au sujet du rôle de l'enseignement supérieur dans la mise en oeuvre de l'Agenda 2030.

  • Olivier Poncelet, professeur à l'Institut des arts de diffusion (IAD), président de la Commission développement durable (CDD) de l'ARES.
     

QUAND ? 

Jeudi 25 janvier 2018, dès 11h30 - Fin à 14h00

QUOI ?

  • 11h30 : accueil des participants – sandwiches lunch
  • 12h00 : introduction
  • 12h10 : l’articulation développement durable - enseignement supérieur, par Hilligje van’t Land
  • 12h30 : développement durable et politiques institutionnelles d’enseignement supérieur, par Delphine Misonne
  • 12h50 : enseignement supérieur, organisations de la société civile et développement durable : attentes et partenariats, par Arnaud Zacharie
  • 13h10 : débat avec les intervenants et échanges avec les participants - Modération : Prof. Olivier Poncelet

OÙ ?

ARES (Académie de recherche et d’enseignement supérieur), rue Royale 180, 1000 Bruxelles (5e étage)

 

INSCRIPTION ?

La participation est gratuite, mais l'inscription est obligatoire.

 

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