Midis de l'ARES

La dimension linguistique – en particulier l’organisation de programmes en anglais – occupe une place de plus en plus importante dans les stratégies d’internationalisation des établissements d’enseignement supérieur. La langue est effectivement perçue comme essentielle en termes d’attractivité internationale des étudiants, des chercheurs et enseignants. Mais de nombreux défis se posent, lesquels vont bien au-delà des relations internationales.

Les études récentes (Brenn-White, 2013 et Wächter, 2014) ont montré que le nombre de programmes enseignés en anglais avait augmenté en Europe de plus de 1 000 % entre 2002 et 2014. Ainsi, en 2014, quelque 8 000 programmes en langue anglaise étaient organisés, représentant près de 6 % de l’offre d’enseignement supérieur européen. Et il est attendu que cette évolution se poursuive, voire s’intensifie, au cours des prochaines décennies dans un contexte de renforcement de l’internationalisation de l’enseignement supérieur.

La situation en Europe demeure cependant très contrastée, avec une fracture assez nette entre les pays du Nord et du Sud. Les pays nordiques, les Pays-Bas, l’Allemagne et la France ont ainsi vu le nombre de tels programmes fortement augmenter si bien qu’aujourd’hui, par exemple, au Danemark, près de 40 % des programmes sont enseignés en anglais. L’impact sur le « recrutement » yreste néanmoins très limité puisque seulement 1,3 % de la population étudiante est inscrite dans un programme en anglais. Or, dans le même temps, à l’échelle mondiale, quatre pays anglophones (Australie, Canada, États-Unis et Royaume-Uni) attirent plus de 50 % des étudiants poursuivant leurs études à l’étranger… 

Les mêmes études tendent à montrer que ces programmes sont majoritairement développés par les universités de grande taille. Ils se concentrent aussi traditionnellement au niveau master et dans quelques domaines d’études tels que business et gestion, économie, sciences de l’ingénieur et technologies.

Cette réalité renvoie à une certaine « inégalité » en termes d’infrastructures éducationnelles entre les établissements. Certains ne disposent en effet pas d'enseignants avec les compétences linguistiques nécessaires, là où d’autres évoluent dans un cadre législatif contraignant, ou d’autres encore ne disposent pas d’une vision stratégique quant à cette question linguistique.

En Fédération Wallonie-Bruxelles, on observe des tendances identiques. Les quelques données disponibles montrent une évolution importante du nombre de programmes enseignés en anglais, principalement dans les universités, au niveau master et dans les domaines précités. Bien que le décret « Paysage » ait, dans une certaine mesure, facilité l’organisation de programmes en langue étrangère, les obstacles restent nombreux. Ils concernent surtout ce manque d’« infrastructures éducationnelles » et tiennent aussi à un paradoxe « existentiel » qui veut que l’utilisation et la promotion de la langue anglaise comme outil d’attractivité semblent se faire au détriment du français.

Comment les établissements en FWB intègrent-ils la dimension linguistique dans leur stratégie d’internationalisation ? Dans quelle mesure la langue anglaise constitue-t-elle effectivement un outil d’internationalisation pour des établissements francophones ? Quels sont les obstacles majeurs en FWB pour favoriser le développement de programmes enseignés en anglais ?

Pour alimenter le débat et pour tenter d’apporter des éléments de réponse à ces questions, Bernd Wächter proposera une cartographie européenne de l’offre de programmes enseignés en anglais, sur la base des différentes études menées par l’Academic Cooperation Association. Jennifer Valcke présentera, ensuite, les principaux résultats et conclusions de ses recherches récentes sur la thématique. Elle partagera également sa large expérience dans le développement de programmes en langue étrangère et l’accompagnement des équipes pédagogiques à la Karolinska Institutet (Suède).

Leurs présentations seront suivies d’un partage d’expériences et d’une discussion avec un panel de représentants d’établissements de la Fédération Wallonie-Bruxelles, notamment de l’EPHEC, de l’ESA Saint-Luc Bruxelles, de l’UCL et de l’UMONS.

Ressources :


Lectures d'intérêt :

Qui ? 

  • Bernd Wächter, directeur de l’Academic Cooperation Association (ACA)

Diplômé de l’Université de Hull, de l’Université Giessen et de l’Université de Marburg, Bernd a axé la majeure partie de sa carrière sur l’internationalisation de l’enseignement supérieur. Il a travaillé pour le British Council avant de devenir directeur du bureau international de la Fachhochschule Darmstadt. Engagé ensuite au DAAD, il y a dirigé le département des affaires européennes. Par après, il a été directeur de l’unité « Socrates » à Bruxelles, chargé de la gestion de ce programme européen (qui deviendra ensuite le programme « Erasmus »). En 1998, il a pris ses fonctions actuelles comme directeur de l’ACA. Bernd a publié de nombreux articles sur les questions internationales dans l’enseignement supérieur et intervient fréquemment lors de conférences européennes et internationales sur l’éducation.

  • Jennifer Valcke, professeure et conseillère pédagogique à la Karolinska Institutet (Suède)

Diplômée en langues modernes de l’ULB et en cinéma de l’Université d’Édimbourg, Jennifer a une large expertise dans l’enseignement, la formation et le conseil aux enseignants et aux autorités institutionnelles sur les questions liées à l’éducation interculturelle, à l’anglais comme langue d’enseignement et aux démarches d’apprentissage intégrant contenu et langue. Elle a été conseillère et chercheuse à l’ULB, où elle a enseigné l’anglais à des étudiants en sciences de l’ingénieur, en gestion et en langues et littératures. En 2014, Jennifer a reçu un prix de l’European Association for International Education (EAIE) comme « étoile montante » pour son travail en tant que membre du groupe de pilotage de la Communauté d’experts en langues et culture, groupe qu’elle préside actuellement.

 Le Midi de l’ARES sera animé par Maïté Abram, responsable des relations internationales de la HE Vinci et membre de la Commission des relations internationales de l’ARES.

QUAND ? 

Mardi 14 novembre 2017, dès 11h30 - Fin à 14h00

QUOI ?

  • 11h30 : accueil des participants – sandwiches lunch
  • 12h00 : état du développement des programmes enseignés en anglais, en Europe et au-delà, par Bernd Wächter
  • 12h25 : perspectives sur la question linguistique, le multilinguisme et le développement de programmes en anglais, par Jennifer Valcke
  • 12h50 : partage d’expériences des établissements d’enseignement supérieur en Fédération Wallonie-Bruxelles
    • 12h50 : partage d'expérience de l'UMONS
    • 13h00 : partage d’expérience de l’UCL
    • 13h10 : partage d’expérience de l’EPHEC
  • 13h20 : débat avec les intervenants et les représentants de l’UMONS, l’UCL, l’EPHEC et l’ESA Saint-Luc Bruxelles ; échanges avec les participants

OÙ ?

ARES (Académie de recherche et d’enseignement supérieur), rue Royale 180, 1000 Bruxelles (5e étage)

 

INSCRIPTION ?

La participation est gratuite, mais l'inscription est obligatoire :

INSCRIPTION

 

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