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Virologues ou épidémiologistes, les scientifiques belges sont au premier plan de la lutte contre le Covid-19. Nombre d’entre eux sont actifs dans le cadre de la coopération académique et interviennent dans la recherche et la formation dans les pays du Sud. Expériences utiles, car en ces circonstances de pandémie planétaire, les échanges d’expertises Nord-Sud prennent tout leur sens.

L’initiative a vu le jour, instantanément, dès le mois de mars 2020 : l’expertise académique et scientifique des établissements d’enseignement supérieur de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) et celle des universités des pays partenaires doit se mobiliser. En quelques jours, une trentaine d’expertes et d’experts s’est ainsi mobilisée. Leurs engagements ? Échanger connaissances et expériences pour offrir une réponse efficace à la pandémie, ici en Belgique, ou là, dans les pays partenaires de coopération.

La richesse d’un réseau mondial d’expertises

Réponses spécifiques à un problème ou un besoin rencontré dans un pays, solutions collectives pour freiner le développement de la pandémie, les expertes et experts ont rapidement mutualisé leur savoir face à une menace qui devenait, jour après jour, de plus en plus planétaire.

Grâce à des contacts professionnels et personnels tissés au fil des années de coopération, l’échange d’information s’organise. Téléphone, visioconférence, email... Pragmatique, le professeur Jean-Paul Coutelier (Université catholique de Louvain - UCLouvain) perçoit l’intérêt de coordonner cette offre de services et de conseils pour faciliter l’échange d’information et améliorer la lutte contre le coronavirus.

Une plateforme web voit également le jour. CoopCovid-19, gérée administrativement par l’Université libre de Bruxelles (ULB) et supervisée par un groupe d’expertes et d’experts santé, dont notamment le professeur Yves Coppieters (ULB), héberge depuis le mois d’avril différents contenus à partager entre partenaires. Il s’agit essentiellement de propositions axées sur des échanges d’expertise à distance et qui ne nécessitent pas de budget spécifique comme, par exemple, la fabrication de masques anti-projections, la modélisation de la propagation du virus ou les méthodes et protocoles de dépistage. Par ailleurs, une plateforme moodle, liée au site, est également exploitable et peut héberger d’autres contenus comme des formations ou des cours.

Dans ces circonstances, l’expérience de terrain des chercheur·es belges, habitués à travailler aux quatre coins du monde pour lutter contre d’autres virus, le VIH, le SRAS ou Ebola et à collaborer étroitement avec des scientifiques africain·es, asiatiques et sud-américain·e s’est révélée déterminante.

Jean Luc Gala, chef des Cliniques universitaires Saint-Luc et professeur à l’UCLouvain, est l’un des premiers à faire valoir cette expérience, associant rigueur scientifique, bon sens et débrouillardise à l’heure où la Belgique manquait cruellement de repères et… de masques. Dès les premiers jours de la pandémie, il est en contact avec ses consœurs et confrères africains. Leurs connaissances mutuelles permettront de conseiller de nombreux responsables hospitaliers et même des dirigeant·es africain·es. Il y est question de management global de la crise, mais aussi de traitement thérapeutique.

 


Très engagé en République démocratique du Congo (RDC), où il mène une recherche sur le choléra, le professeur Gala n’exclut pas l’idée d’y amener une série de tests sérologiques, voire même un laboratoire mobile, pour autant que les moyens financiers suivent.




Les biotechnologies, atouts du Rwanda pour lutter contre le Covid-19

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Laboratoire à Huye (Rwanda) © Woush/D.Pirnay

Pays riverain de la RDC, le Rwanda a rapidement pris la mesure du danger et, comme le précise un article du Monde du 31 juillet 2020, « a réussi à contenir la propagation du coronavirus ». Fin juillet 2020, les chiffres de l’Université Johns Hopkins annoncent 2 000 cas positifs et 5 décès. Ce bilan épidémiologique a d’ailleurs permis au Rwanda de figurer dans une liste réduite de 15 pays autorisés à voyager, dès le 1er juillet, dans l'Union européenne et l'espace Schengen.

Les collaborations académiques passées et actuelles entre les établissements d’enseignement supérieur de la FWB et l’Université du Rwanda (UR) s’avèrent très précieuses aujourd’hui qu’il s’agit de lutter contre le Covid-19 et de mobiliser la communauté scientifique du pays.

Fortement orientée sur la formation et la recherche dans le secteur médical depuis une vingtaine d’années, la coopération entre les actrices et acteurs académiques des deux pays a révélé ainsi toute sa pertinence et s'est traduit, dès le début de la pandémie, par un engagement immédiat de plusieurs scientifiques rwandais·es et belges à échanger leurs expertises.

Parmi ceux-ci, Léon Mutesa de l’UR et Jacob Souopgui de l’ULB qui coordonnent le nouveau master en biotechnologie proposé par l’UR depuis cette année. M. Souopgui rappelle les investissements importants apportés par l’ARES dans le secteur des biotechnologies, tant dans la formation des ressources humaines que dans l’appui en matériel. Aujourd'hui, grâce à des cadres et à des techniciennes et techniciens de laboratoire performants, l’ensemble de ce secteur est au premier plan du suivi, de la prise en charge et du contrôle du Covid-19.




La prise en charge immédiate du contrôle de la pandémie s’est concrétisée par le confinement, le port obligatoire du masque et les tests massifs de la population. Effectués quartier par quartier, ils permettent de pouvoir isoler les clusters si des contrôles positifs y sont décelés. À l’origine de cette stratégie du test massif, le professeur Léon Mutesa. En tant que responsable des tests au sein de la cellule nationale de lutte contre le nouveau coronavirus, il a, avec le mathématicien Wilfred Ndifon, actualisé l’algorithme permettant le « pool testing ». Efficace, ce procédé a fait l’objet d’une publication dans le journal scientifique Nature, le 10 juillet 2020. D’autres pays, comme le Ghana et l’Afrique du Sud voudraient s’en inspirer. Jacob Souopgui nous explique ce procédé.




Ces quelques exemples de collaborations scientifiques nord-sud soulignent la vitalité d’un réseau d’expertise, capable de se mobiliser efficacement lorsque la situation l’impose. La circulation des savoirs prend dès lors tout son sens.

 

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