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La coopération académique et scientifique entre le Bénin et la Belgique célèbre en cette année 2020, vingt-cinq ans de partenariat. Cette longévité souligne la qualité de l’engagement des universités publiques béninoises et des établissements d’enseignement supérieur de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB). Ces 24 et 25 février 2020, les représentantes et représentants de différents établissements d’enseignement supérieur de la FWB et de l’ARES sont à Cotonou pour célébrer ce moment d’histoire et réfléchir, avec leurs homologues béninoises et béninois, aux perspectives de collaborations futures.

Un partenariat riche et évolutif au service des sociétés, voilà comment résumer ces 25 ans de collaboration entre les mondes académiques béninois et belge.

Tant pour Maxime Da Cruz, recteur de l’UAC, que pour Julien Nicaise, administrateur de l’ARES, cette mobilisation continue des expertises béninoises et belges ont fait de l’Université d’Abomey-Calavi (UAC) une valeur sûre de l’enseignement supérieur au Bénin et de l’Afrique de l’Ouest, tant par les enseignements qui y sont dispensés que par les recherches qui y sont menées.

Pendant deux jours, en marge des activités protocolaires, les actrices et acteurs qui ont fait l’histoire de cette coopération vont retracer ses moments forts mais aussi et surtout jeter les bases de collaborations futures.

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Au centre de la photo, de gauche à droite : Éléonore YAYI LADÉKAN, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique au Bénin, Marc PONCELET, professeur à l'Université de Liège, et Maxime DA CRUZ, recteur de l'Université d'Abomey-Calavi © C. Quénum/www.woush.be

Un colloque pour imaginer la coopération de demain

Le moment fort de ce colloque est effectivement la tenue de cinq ateliers thématiques (sciences de la santé, agronomie et alimentation, environnement et sciences techniques, sciences humaines, sociales, économiques et de gestion, services transversaux) au cours desquels chaque participante et participant aura l’occasion de proposer sa vision de la coopération académique et scientifique pour les années à venir. Les propositions issues de ces travaux participatifs constitueront le socle sur lequel sera élaboré le prochain programme de coopération 2022-2026.

Les étudiants et étudiantes de l’UAC sont aussi associés à l’événement. Leur point de vue est essentiel pour comprendre les enjeux actuels de la société béninoise et réfléchir aux actions à entreprendre par le monde universitaire pour les relever. 

Enfin, autre moment fort du programme, le Marché de l’innovation offre une occasion inédite de percevoir la portée des filières professionnalisantes mises en place par l’UAC ces dernières années. En phase avec les besoins du monde académique, elles préparent les étudiantes et les étudiants à être rapidement opérationnel sur le marché du travail.

25 ans de partenariat

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© J. Rousseau Aoutcheme/www.woush.be

Les premiers signaux d’une coopération universitaire entre la Belgique et le Bénin datent de la fin des années 70, avec l’envoi d’étudiantes et d’étudiants dans les secteurs de la médecine, des sciences naturelles et de l’agronomie. S’appuyant sur des collaborations individuelles entre professeures et professeurs béninois et belges, une première initiative d’appui institutionnel à l’Université nationale du Bénin (UNB) va toutefois voir le jour dès 1996-1997. L’objectif est de renforcer les missions de formation, de recherche et de service à la société de l’UNB, devenue l’Université d’Abomey-Calavi en 2001.

À cette époque, bien que le pays soit considéré comme un exemple en Afrique sur le plan démocratique, de nombreux défis restent à relever quant aux politiques sociales et économiques. La proportion de jeunes en âge d’activité n’a jamais été aussi élevée et les autorités béninoises considèrent que le renforcement du capital humain doit être un pilier essentiel de la stratégie de développement. Le soutien à l’enseignement supérieur et à la recherche apparait comme une priorité pour former des cadres de haut niveau, capables d’innover, de créer des entreprises et des emplois, et de soutenir l’empowerment politique et social.

Quelles réponses académiques apportées au travers de cette collaboration ?

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© J. Rousseau Aoutcheme/www.woush.be

Pour que les établissements béninois d’enseignement supérieur deviennent des acteurs majeurs du développement, le renforcement de l’institution universitaire et de ses établissements, la réforme de la formation et le renforcement de la recherche sont des étapes-clés du processus de coopération.

C’est dans ce cadre qu’est mis en œuvre, depuis 1997, un programme d’appui institutionnel contribuant au renforcement du corps professoral utile pour la relève académique, à l’amélioration globale de la qualité de l’enseignement et de la recherche et à l’accompagnement de l’université dans les réformes académiques initiées dans le cadre de la réforme Licence/Master/Doctorat (LMD).

Ce même programme répond également à une demande des autorités de l’UAC relative à l’adéquation des formations universitaires au marché de l’emploi. Une dizaine de filières professionnalisantes sont proposées, justifiant l’implication des hautes écoles de la FWB.

Dispensant elles-mêmes un enseignement orienté vers une finalité professionnelle pointue, leur contribution permet de concevoir les programmes d’études et des méthodes orientés vers le métier. Pour Nicolas Desoignies de la Haute École de la Province Hainaut-Condorcet (HEPH Condorcet) et chargé d’encadrer la mise en place de ces formations à l’UAC, « cette évolution a tout son sens dans le contexte économique béninois. »



L’énergie créatrice des jeunes diplômé·es

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© Pierre Martinot

Ces licences professionnelles doivent donc devenir des passerelles vers l’emploi pour les jeunes universitaires. Diplômés de la filière « Energie renouvelable », Alexis Honzounnon, Pierre Kpantingnangan, Romance Semassou et Lionel Sognigbe ont créé la Société des énergies de demain (SED) après leur parcours universitaire. Ils illustrent la détermination croissante des étudiantes et étudiants à créer leur propre entreprise.



Améliorer et adapter l’offre de formation

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© C. Quénum/www.woush.be

Que serait une université sans une offre de formation pertinente, sans des enseignantes-chercheures et enseignants-chercheurs qui contribuent en permanence au développement des connaissances ? Par le biais d’autres instruments de coopération, l’ARES offre également des réponses importantes et calibrées à cette question. Depuis le début des années 2000, selon les besoins identifiés par les enseignantes et enseignants béninois et belge eux-mêmes, l’offre de formation n’a cessé d’être enrichie – et parfois même créée - pour être davantage adaptée à l’évolution de certains secteurs de la société et de l’économie béninoise. Six projets, d’une durée minimale de 5 ans, ont ainsi été mis en œuvre dans des domaines aussi variés et prioritaires que sont les ressources aquatiques, la santé publique, la biodiversité, la radiodiffusion numérique, la médiation dans les interventions de développement et l’anesthésie. Pour les professeurs Bernard le Polain (Université catholique de Louvain - UCLouvain) et Martin Chobli (UAC), tous deux impliqués de longue date dans le projet de formation des médecins anesthésistes et réanimateurs, la formation est l’un des rôles majeurs que doit remplir la coopération. Écoutez leur témoignage.



Stimuler la recherche

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© C. Quénum/www.woush.be

Second, sinon premier, objectif de la coopération académique et scientifique, la recherche est aussi l’un des moteurs des relations entre les professeures et professeurs belges et béninois. Depuis 2003, ce sont seize projets de recherche qui ont ainsi vu le jour dans des domaines très variés : la pêche, la médecine, l’agriculture, l’alimentation, la sécurité routière ou encore l’agroécologie.

Chacun d’eux a permis d’apporter des réponses appropriées aux enjeux de développement de ces secteurs, en mobilisant l’expertise nécessaire aussi bien dans les établissements béninois que de la FWB.

Le professeur Philippe Laleye se définit comme un produit de la coopération belgo-béninoise. Depuis l’obtention de son doctorat à l’Université de Liège (ULiège) en 1995, son implication dans divers projets de recherche axés sur les ressources aquatiques est constante. Il nous explique l’intérêt de cette coopération pour son laboratoire et, au-delà, pour l’UAC.

Programmes d’appui institutionnel, projets de recherche, projets de formation, recherches en appui à la politique de coopération et plus tard projets d’opportunité, synergies, … chacun de ces instruments aura contribué, selon sa spécificité, au renforcement des capacités des institutions, des unités de recherche et de formation, et des individus. Ce processus de collaboration continu depuis un quart de siècle a construit un écosystème universitaire belgo-béninois qui concerne trois générations d’universitaires et, directement ou indirectement, toutes les disciplines.

 

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