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Ce jeudi 30 janvier 2020, l’Académie de recherche et d’enseignement supérieur (ARES) organisait la remise des prix de la première édition du prix Philippe Maystadt qui récompense les meilleurs travaux de fin d'études menés sur l'enseignement dans une perspective innovante. L’objectif de ce prix, décliné en trois catégories, est de valoriser, stimuler et démontrer toute l'importance de la recherche dans le domaine de l'enseignement de manière générale.

Le jury, présidé par Françoise Tulkens, ancienne juge et vice-présidente de la Cour européenne des droits de l’homme, a désigné des lauréates et lauréats dans trois catégories : le prix "Bac" d'un montant de 2 000 euros, le prix "Master" d'un montant de 2 000 euros, et le prix "Doc" d'un montant de 4 000 euros.

Cette année, le prix "Bac" a été remis à Yasmine Gaïed, de la Haute École Louvain en Hainaut. Son travail de fin d’études (TFE) s'intitule "Comment lutter contre la violence dans l'enseignement primaire ? Quels dispositifs à mettre en place?".

Cette étudiante, diplômée d'un bachelier en instituteur primaire, a constaté qu’il était difficile de mettre fin à des situations de violence scolaire. Par son travail de recherche, elle a souhaité conscientiser les élèves, les parents, les enseignantes et les enseignants à ce sujet d’actualité. Pour ce faire, elle a mis en place des activités éducatives variées destinées aux enfants de l’enseignement primaire ordinaire et spécialisé. Ces activités se sont articulées autour de plusieurs thèmes comme les émotions, l'empathie, ou encore le respect. Il est apparu qu’en travaillant régulièrement ces concepts avec les élèves, il est possible de lutter efficacement contre la violence.

En favorisant la confiance en soi, le développement de chacun des élèves et leurs possibilités d'émancipation sociale, le sujet de ce TFE s’inscrit pleinement dans les objectifs poursuivis par notre système éducatif. Ce travail de fin d’études établit aussi un lien plus spécifique avec l'enseignement supérieur en abordant des disciplines liées aux cursus des enseignantes et enseignants telles que la pédagogie générale, la psychologie du développement, la psychologie des apprentissages ou la psychologie de la communication.

Selon le jury, ce travail est d'une qualité remarquable. Il étudie une problématique très présente dans les établissements scolaires dans laquelle la dimension sociale est prépondérante. De plus, les solutions concrètes qui y sont proposées sont adaptables à de nombreuses tranches d'âge et posent un regard critique sur la formation et le rôle du personnel enseignant. 

Le prix "Master" a été décerné à Laurence De Wilde, de l'ULB, pour son mémoire sur "L'alternance codique, une stratégie d'apprentissage et d'enseignement dans l'enseignement du français en milieu néerlandophone". 

Laurence De Wilde, diplômée d'un master de la faculté de lettres, traduction et communication de l'ULB, a effectué ses recherches sur l'alternance codique. Concrètement, il s’agit d’un phénomène courant qui intervient quand un locuteur ou une locutrice bilingue change de langue au sein d'une seule et même conversation. Ce mémoire démontre, via des observations réalisées dans des classes secondaires néerlandophones, l’importance de ce phénomène de bilinguisme dans les processus d'enseignement. Dans un contexte où l'enseignement francophone peine à améliorer les compétences multilingues de ses élèves, l'alternance codique se révèle être une piste non négligeable à approfondir.

Le jury a estimé que cette recherche était novatrice et actuelle tout en ayant l’avantage d’être transposable à l'enseignement supérieur, tant au niveau de la didactique des langues étrangères que dans la mise en place de programmes multilingues. Ce travail apporte par ailleurs une contribution intéressante dans le contexte politique belge multilingue.

Jérémy Dehon, étudiant de l'UNamur, a reçu le prix "Doc" pour sa thèse intitulée "L'équation chimique, un sujet d'étude pour diagnostiquer les difficultés d'apprentissage de la langue symbolique des chimistes dans l'enseignement secondaire belge".

Les recherches en didactique de la chimie ont démontré que les jeunes apprenantes et apprenants rencontrent des difficultés dans la construction et l'interprétation de l'équation chimique. Elle est pourtant un prérequis essentiel à la plupart des cursus scientifiques. Jérémy Dehon, Docteur en sciences de l'Unité de recherche en didactique de la chimie de l'Université de Namur, a choisi de s'atteler aux mécanismes qui peuvent faciliter l'assimilation de ces concepts auprès des élèves de secondaire. Il a ainsi imaginé une séquence de leçons et une séance de remédiation pour pallier leurs difficultés.

Par ses différents apports, cette thèse se situe à la croisée des chemins de plusieurs domaines d'études comme la chimie, la didactique, la linguistique et la sémiotique. Elle a fait preuve d'une ouverture et d'une qualité méthodologique impressionnante aux yeux du jury. Elle permet aussi de contribuer au renforcement du secteur de la science, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques  (STEM) et à l'enseignement qui en découle.

Au total, le jury a reçu 36 candidatures pour les prix "Bac", "Master" et "Doc". Ses membres ont souligné la grande qualité des travaux reçus. Si la majorité de ces travaux concernait davantage l'enseignement primaire ou secondaire que l'enseignement supérieur, le jury a estimé qu’il était important d'élargir le champ d’études et de ne pas s'arrêter à l'analyse de cas. En effet, les travaux retenus présentent des perspectives indirectes très larges tout à fait transposables à l'enseignement supérieur.

 

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