Cogénération aux pellets de bois pour diminuer la dépendance en énergies fossiles : l'expérience de l'ULg sur son site du Sart Tilman.
Des investissements en économies d’énergie intégrés au contrat de maintenance
Dès 2006, l’ULg a réfléchi à l’amélioration de ses équipements techniques, notamment en recourant à des techniques économes en énergie et aux énergies renouvelables. Un bureau d’ingénieurs conseil l’a accompagnée dans cette réflexion et une approche intégrant des investissements générateurs d’économies d’énergie au contrat de maintenance a rapidement été retenue.
Lorsqu’en 2008, l’université a dû renouveler le contrat de maintenance des installations de chauffage et de ventilation, elle a envisagé, pour le Sart-Tilman, les investissements d’envergure que la particularité technique du site, c’est-à-dire un système de production centralisée de chauffage (80 MW installés) desservant un réseau de chaleur long de 22 km, lui permettait.
La possibilité de profiter de la chaufferie centrale pour diversifier les approvisionnements en énergie et limiter l’utilisation des combustibles fossiles s’est révélée être une stratégie intéressante.
Installation d’une cogénération fonctionnant aux pellets de bois
Après avoir exploré plusieurs pistes, la cogénération vapeur utilisant des pellets de bois a été retenue. Le projet a été intégré au contrat de maintenance et de garantie totale des installations passé en 2008 pour une durée de 10 ans, avec un montage de type tiers-investisseur pour la cogénération, l’investissement pour cette seule installation représentant 10 millions €.
Deux éléments essentiels ont motivé ce choix :
• l’augmentation des coûts des énergies fossiles durant la période 2006 – 2008,
• la diminution des émissions gaz à effet de serre de la chaufferie centrale qui est soumise au système européen d’échange de quotas d’émission EU ETS.
Ce choix a diminué les émissions des gaz à effet de serre de la chaufferie centrale puisqu’en évitant la combustion de gaz naturel, la cogénération permet une économie annuelle de 10.000 tonnes de CO2. En effet, partant du principe que le cycle de vie du bois est neutre en CO2, les émissions de la cogénération sont nulles.
L’installation permet à l’ULg de limiter sa dépendance en énergies fossiles, de diversifier ses achats de combustibles et de profiter d’une ressource renouvelable et locale, puisque les pellets proviennent de producteurs situés dans un rayon maximum de 200 km.
Une image positive et une vocation didactique...
En investissant dans une technologie renouvelable et neutre en émissions de gaz à effet de serre, l’ULg a contribué à se donner une image positive. Elle a aussi créé une installation à vocation didactique puisque les étudiants profitent de la présence d’une technologie particulière sur leur campus.
L’investissement est couvert par la garantie de certificats verts (CV) pendant 15 ans, et ce malgré la chute de leur coût depuis la signature du contrat (90 € le CV en 2008).
Le bilan énergétique annuel (coût du bois – coûts des économies de gaz et d’électricité) est peu favorable actuellement compte tenu de la chute des coûts des combustibles dits traditionnels. Cette option reste donc un pari sur l’avenir car les évolutions des marchés de l’énergie sont difficilement prévisibles.
... mais aussi des difficultés
La cogénération est une installation compliquée et stratégique qui demande un suivi technique et financier non négligeable. C’est un point à ne pas négliger dans ce type de projet.
Les difficultés ont commencé avec le permis unique délivré spécifiquement pour la cogénération. La principale contrainte était urbanistique en raison de l’architecture particulière de la chaufferie. Le projet initial prévoyait d’implanter l’installation à côté de la chaufferie mais le permis a recommandé son intégration à l’intérieur du bâtiment existant, ce qui a engendré d’importants travaux d’aménagements, des complications techniques pour insérer les différents éléments de la cogénération dans le bâtiment et des délais supplémentaires.
D’autres difficultés techniques ont été rencontrées tout au long du chantier et à la mise en service de l’installation. Le fait de lier la construction et la mise en service de la cogénération à la maintenance et la garantie totale pour une durée de 10 ans (= formule « all-in ») a permis de transférer la majorité des risques techniques à une société chargée d’assurer la pérennité de l’installation. Cela représente un coût mais a aussi permis de dépasser toutes les difficultés rencontrées dans la construction de cette installation prototype.
L’approvisionnement en pellets de bois a également présenté des imprévus : l’idée initiale était de confier cet achat à la société de maintenance retenue pour le contrat de 10 ans, l’installation de cogénération reposant sur une obligation contractuelle de résultats. L’ULg menant une politique de reprise en main de ses achats d’énergie depuis l’ouverture des marchés, ses autorités ont refusé le montage et ont demandé à l’administration de commander cette fourniture en marché public.
L’hétérogénéité du combustible bois et des producteurs de pellets, ainsi que le manque de structure de la filière d’approvisionnement en Wallonie ou zone transfrontalière ont requis un important travail des services pour rédiger les clauses techniques des cahiers des charges. La mise en place d’un dialogue continu avec les producteurs de pellets a été un facteur-clé de réussite car il a permis de lancer des contrats d’approvisionnement adaptés à l’évolution des marchés de pellets.
Pourrais-je le faire chez moi ?
Le caractère reproductible de cette initiative est faible puisque c’est une technologie prototype nécessitant un investissement important et une centralisation des besoins de chaleur. Cependant, les cogénérations biomasse de plus petites puissances (7 MW thermique pour celle du Sart-Tilman) sont en cours de développement et pourraient devenir plus courantes dans les prochaines années.
L’Université de Liège dispose de 4 implantations. Le campus du Sart Tilman est établi sur les hauteurs de Liège dans un domaine boisé accueillant une soixantaine de bâtiments. L’implantation de Liège-ville englobe quelque 12 bâtiments répartis sur quatre sites différents : site XX-Août, site Opéra, site Botanique et site Outremeuse. Les deux autres campus sont localisés à Gembloux et à Arlon et comptent respectivement une septantaine et une dizaine de bâtiments. L’Université de Liège compte 23.000 étudiants et 5.000 membres du personnel.
Personnes de référence pour le développement durable :
• Christian Evens, directeur de l’Administration des Ressources Immobilières - Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
• Maud Leloutre, responsable Énergie de l’Administration des Ressources Immobilières - Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Université de Liège, Place du XX-Août, 7, 4000 Liège - www.ulg.ac.be
Photo : © ULg