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La globalisation des savoirs était le thème de l’Event Boursiers 2019, une journée de réflexion que l’ARES propose annuellement aux 300 boursières et boursiers venus des 18 pays partenaires de coopération. Le moment était donc opportun de s’interroger sur la production et la circulation des savoirs dans le monde académique d’aujourd’hui. Retour sur cet évènement qui s’est tenu à l’Espace Senghor de Gembloux, le 18 octobre 2019.

Dans le cadre de la journée d’accueil qu’elle réserve aux nouveaux boursiers et boursières venus en Belgique pour approfondir leurs connaissances scientifiques, l’ARES a jugé pertinent de s’interroger sur le caractère et l’impact actuels de la globalisation des savoirs.

Aborder ce sujet avec des étudiant·es, des doctorant·es et des jeunes professionnel·les venu·es des 18 pays partenaires de coopération devait permettre, assurément, d’apporter un nouveau regard sur cette question mais aussi d’interroger le milieu académique sur sa capacité à intégrer des savoirs venus d’autres horizons que ceux de l’Occident.

En effet, soixante ans après la fin de la période coloniale, la question continue de faire débat dans le monde académique. Elle est d’autant plus intéressante à poser lorsque les établissements d’enseignement supérieur sont aussi des acteurs la coopération académique et scientifique au développement.

Les connaissances produites en Occident peuvent-elles être transmises telles quelles dans d’autres régions du monde ? Comment les boursières et boursiers de l’ARES peuvent-ils s’approprier et utiliser ces savoirs pour le développement de leurs pays ?

Plus que jamais, face aux enjeux globaux du monde actuel, il convient de se demander si les acteurs académiques du Nord ne devraient pas donner une place plus importante aux scientifiques et aux penseurs des quatre coins du monde.

Vers la décolonisation des savoirs

Cette journée de réflexion a permis l’organisation d’ateliers thématiques animés par le consortium d’ONG universitaires Uni4Coop et le centre de formation pour le développement Iteco.
Trois axes de réflexion étaient proposés aux boursières et boursiers : la production des savoirs, la circulation des savoirs et la production/circulation des savoirs sur le genre.

Les trois invités de la journée - Aymar Nyenyezi (juriste et politologue), Abdourahmane Seck (anthropologue) et Hassina Semah (sociologue) – ont ensuite proposé un regard critique sur la globalisation des savoirs en reconsidérant l’apport des différents continents dans la fabrication du savoir universel et en invitant l’Occident à faire preuve de plus d’ouverture envers d’autres savoirs.

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De gauche à droite : Aymar Nyenyezi, Hassina Semah et Abdourahmane Seck - © Woush/D.Pirnay

La décolonisation des savoirs a également été abordée par le prisme de la circulation des savoirs et du transfert de connaissances. En effet, en 2020, quelle est la place donnée aux penseurs des pays du Sud dans la pensée occidentale ? Comment se portent les échanges de savoirs Sud-Sud ? Constituent-ils ou non des alternatives à ladite « hégémonie occidentale » du savoir ? Dans le cadre d’une coopération académique, comment ces savoirs sont-ils perçus puis appropriés, une fois acquis ? Quelle est la réception des approches sur le genre dans les pays dits du Sud ? Ces approches sont-elles toujours perçues comme émancipatrices ?

Dans un monde global, produisons des savoirs métisses

Les informations et points de vue partagés ont donné lieu à des débats animés, preuve de l’intérêt majeur des boursières et des boursiers sur cette question qui les concerne au premier chef, eux qui, demain, seront enseignantes et enseignants ou actrices et acteurs de changement dans leur pays.

Sous la houlette des ONG universitaires, certaines initiatives voient le jour, comme les « Cours Métis ». Ces séances de cours, données par des intervenantes et intervenants (professeur·e, doctorant·e, étudiant·e de 3e cycle) originaires d’un pays du Sud, proposent un regard différent, un contenu basé sur les résultats de leurs recherches ou de leurs expériences professionnelles.

Ces initiatives en appellent d’autres, plus formelles certainement. Elles pourront se nourrir des synthèses des ateliers et des débats que l’ARES s’apprête à produire au terme de cet événement. Cette restitution sera aussi l’occasion de tirer un certain nombre de conclusions par rapport aux rôles des réseaux internationaux de chercheur·es et universitaires pour une plus grande représentativité du « sud » dans la production de savoirs scientifiques.

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Dans le reportage vidéo qui suit, Fiona Nziza (Uni4Coop et Louvain Coopération) explique la raison pour laquelle Uni4Coop et l’ARES ont choisi cette thématique pour l’Event Boursiers 2019. Aymar Nyenyezi, chercheur à l’UCLouvain mais aussi à l’UGent et à l'Institut supérieur de développement rural (ISDR) à Bukavu rappelle quelques éléments d’histoire sur la production des savoirs et souligne l’intérêt du pluriversalisme des savoirs. Animateur d’un atelier, Julian Lozano Raya (Iteco) interpelle des boursières et boursiers sur la décolonisation des savoirs. Enfin, Hassina Semah, sociologue, propose quelques pistes aux étudiantes et étudiants, notamment celle de diversifier ces sources d’information pour donner une place à d’autres penseuses et penseurs.

 

 

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