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Les associations d'enseignement supérieur, réseaux et leaders dans le domaine de la protection des universitaires, demandent aux gouvernements européens et aux institutions de l'Union européenne (UE) de prendre des mesures immédiates pour protéger la vie et la carrière des universitaires, des étudiants et des acteurs afghans de la société civile.

Beaucoup d'organisations sont des leaders dans le domaine de l'aide aux chercheurs et aux universitaires en danger. Il s'agit notamment du Scholars at Risk Network (SAR), du programme PAUSE en France, de l'initiative Philipp Schwartz de la Fondation Alexander von Humboldt, du Council for At-Risk Academics et du Scholar Rescue Fund de l'IIE qui aménagent des postes temporaires dans des établissements d'enseignement supérieur du monde entier pour ceux qui sont dans l'impossibilité de travailler en toute sécurité dans leur pays d'origine. Les établissements d'enseignement supérieur européens sont à l'avant-garde de ces efforts : au cours des deux dernières années, 80 % des postes d'accueil organisés par le SAR se trouvaient en Europe.

En cette période de crise qui vit actuellement l'Afghanistan, les organisations de soutien aux universitaires en danger proposent d'offrir une assistance aux chercheurs, aux universitaires et aux acteurs de la société civile en Afghanistan qui, en ce moment, cherchent désespérément des moyens de se mettre en sécurité. Durant la majeure partie de ces vingt dernières années, ces universitaires et acteurs de la société civile afghane se sont battus pour un nouvel Afghanistan respectueux des droits, tourné vers l'avenir et fondé sur la connaissance. Nombre d'entre eux ont travaillé pour ou en partenariat avec les institutions européennes, des partenaires de l'OTAN, des gouvernements européens et d'autres organisations internationales et de la société civile. Des centaines d'entre eux se sont rendus en Europe pour y faire des études et sont revenus dans leur pays, attachés aux valeurs d'ouverture, de tolérance et de liberté d'expression. Ces valeurs n'étant pas celles des talibans, leur vie est désormais en danger. Une action gouvernementale opportune peut encore faire la différence. 

Plus précisément, la communauté européenne de l'enseignement supérieur demandent aux gouvernements européens et aux institutions de l'UE d'agir immédiatement pour :

  • Poursuivre les vols d'évacuation aussi longtemps que possible afin d'inclure les universitaires, les étudiants et les acteurs de la société civile qui ont soutenu la vision pluraliste et tournée vers l'avenir de l'Afghanistan à laquelle l'UE, les gouvernements européens, les partenaires de l'OTAN et d'autres organisations internationales et de la société civile ont adhéré. Ne pas mettre fin aux vols avant que tous ceux qui souhaitent quitter le pays soient en sécurité.

  • Augmenter les quotas de réinstallation pour aider ceux qui ont besoin d'une protection internationale, notamment les chercheurs, les universitaires et les acteurs de la société civile. Veiller à ce que la protection internationale soit accordée aux demandeurs de protection afghans actuels par le biais d'une procédure accélérée, et donner la priorité ainsi qu'accélérer les demandes de regroupement familial.

  • Créer des voies légales complémentaires accélérées pour les candidats qui démontrent l'existence d'un établissement d'accueil, d'un emploi ou d'un sponsor, y compris pour les familles, qui faciliterait leur arrivée et leur adaptation dans les meilleurs délais. De nombreux établissements d'enseignement supérieur européens sont prêts à accueillir des universitaires dans des postes temporaires.

  • Renoncer à toute intention de retour et à toute exigence de résidence à domicile qui pourrait s'appliquer aux demandes de visa pour les universitaires et les chercheurs afghans dans un avenir proche. En l'absence d'une renonciation totale, publiez des directives faisant autorité aux agents consulaires et frontaliers, soutenant une détermination de satisfaction de l'intention de retour en démontrant une volonté de revenir en l'absence des talibans, ou une démonstration crédible, durable et réfutable que l'individu serait en mesure de retourner et de vivre en toute sécurité sous le régime des talibans.

  • Mettre en place un programme de bourses de l'UE destiné aux chercheurs et aux universitaires à risque, notamment les universitaires, les étudiants et les acteurs de la société civile afghans, en particulier les femmes et les minorités ethniques et religieuses, afin qu'ils puissent bénéficier de bourses, de conférences, de postes de chercheurs ou de postes universitaires temporaires dans des établissements d'enseignement supérieur européens. L'Inspireurope a d'ailleurs émis une recommandation dans le cadre de son projet financé par l'UE pour un programme spécifique. Certains fonds destinés à ces flux pourraient être financés à partir de fonds existants pour la programmation de l'Afghanistan, mais qu'il ne sera peut-être pas possible de dépenser dans les conditions actuelles. Néanmoins, de nouveaux fonds seront nécessaires pour répondre aux besoins les plus urgents.

  • Créer des bourses nationales dédiées aux chercheurs et aux universitaires à risque, y compris les universitaires, les étudiants et les acteurs de la société civile d'Afghanistan, à l'instar des programmes de bourses nationales existants gérés par le programme PAUSE en France et l'initiative Philipp Schwartz de la Fondation Alexander von Humboldt en Allemagne.

La fenêtre dans laquelle ces mesures peuvent être prises, sauver des vies et racheter une partie de l'investissement de l'Europe dans l'avenir de l'Afghanistan se ferme rapidement. Une intervention urgente est nécessaire pour mobiliser les ministères et agences concernés.

L'érosion de la situation en Afghanistan constitue une menace non seulement pour la vie des collègues européens encore présents en Afghanistan, mais aussi pour l'avenir de ce pays. Le leadership moral de l'UE, y compris son engagement en faveur des droits de l'homme, l'État de droit et le multilatéralisme, est plus que jamais nécessaire. Et il est impératif de voir ces engagements mis en pratique en cette période de crise. La communauté européenne de l'enseignement supérieur est prête à jouer son rôle, mais l'aide de l'UE est plus que nécessaire. 

 

EN SAVOIR + : découvrez la liste des signataires sur le site de Scholars At Risk

 

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