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Depuis le début des années 2000, le monde est plus numérique et immatériel que jamais. Internet, les smartphones, le cloud, les data ou encore les énergies renouvelables, révolutionnent notre manière de communiquer, de consommer, de produire… et ce n’est pas sans conséquence sociale et environnementale. Pour cette raison, l’ARES a consacré, le 21 mai, un de ses Midis à ce thème de plus en plus présent dans l’actualité. Retour sur les enseignements de ce séminaire.

La révolution numérique touche chaque jour un peu plus notre vie quotidienne, engendre des innovations technologiques, scientifiques et sociales. Celles-ci ont cependant un impact toujours plus important sur la manière dont tourne le monde : conflits autour de l’extraction de minerais ou de l’accaparement de terres rares, pollutions, productions de déchets, consommation d’énergie, « esclavagisme des temps modernes », corruption… Le cocktail est nettement moins séduisant, d’où l’importance d’un travail d’information et de plaidoyer.

Des ressources matérielles nécessaires à un monde immatériel

À ce jour, pas moins de 70 matériaux différents - dont près de 50 métaux - composent un smartphone. Le coltan, le tungstène, l’étain, le tantale et l’or comptent parmi les métaux rares les plus prisés du moment. Ils constituent les matières premières tant nécessaires aux énergies renouvelables (y compris éoliennes et panneaux photovoltaïques), qu’à l’industrie des high-tech (informatique, robotique, biotechnologie, télécom…). Un usage raisonné de ces matières s’impose donc, comme nous l’explique Johan Yans, professeur ordinaire à l’Université de Namur et auteur de recherches sur la caractérisation et la gestion des ressources géologiques.

L’exploitation de ces minerais comporte des risques. Qu’ils soient environnementaux (1 500 litres d’eau pour produire un ordinateur), sociaux (travail des enfants, travail sans couverture sociale) ou géopolitiques (on estime à 27 le nombre de conflits en Afrique qui ont un lien avec les ressources naturelles), ces risques sont plus évidents que jamais. L’accaparement des terres rares et la délocalisation de la pollution sont de nouveaux paramètres d’une compétition technologique et commerciale que se livrent les grandes puissances. Une compétition qui ne concerne plus uniquement la planète ‘Terre’, selon le chercheur français Ben Cramer.

Pour un développement numérique durable

Depuis quelques années, l’industrie du numérique et des énergies renouvelables fonde son modèle économique sur son aspect novateur et, a priori, écologique. Aucune approche approfondie sur le cycle de vie des produits (production, distribution, utilisation, recyclage) n’a encore été finalisée à grande échelle. Or, cette démarche serait essentielle pour déterminer la pression que ces produits exercent sur les ressources et l’environnement. Une analyse détaillée permet d’envisager des alternatives qui réduiraient cette pression et pourraient avoir un effet positif d’un point de vue social, économique et environnemental. Ainsi, Eric Pirard, ingénieur géologue et enseigne à l’Université de Liège, estime que la société d’aujourd’hui doit relever quatre défis : l’approvisionnement en matières premières, l’optimisation de la conception de nos produits, le ralentissement de la consommation et le développement du recyclage.

Et si les métaux rares étaient à portée de mains ?

Pour Els Verberckmoes, Treatment Manager chez Recupel, le recyclage constitue une partie de la solution. Présents dans les objets électroniques du quotidien, dans les panneaux solaires ou dans les batteries, l’or, le cuivre, le coltan et autres métaux précieux constituent des gisements non exploités, appelés les « mines urbaines ». Le recyclage des déchets high-tech peut être une alternative à l’extraction et à l’exploitation des métaux rares, pour autant qu’un processus de recyclage industriel permette de les réintégrer dans le circuit.

Les Midis de l’ARES, un moteur de réflexion

Ce séminaire s’est donc avéré riche en réflexions et en enseignements tant sur des questions géopolitiques, qu’écologiques ou sociales. Autant d’enseignements qui ont attiré l’attention du Service public fédéral (SPF) belge Affaires étrangères, Commerce extérieur et Coopération au développement qui a consacré un dossier sur le thème disponible son site glo.be.

 

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